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Côte d’Ivoire : cinq galeries d’art contemporain à visiter à Abidjan

Les galeries bousculent leur programmation pendant les vacances et proposent des expositions rafraîchissantes de jeunes artistes. Jeune Afrique vous propose une sélection de cinq d’entre elles, à visiter jusqu’en septembre.

Le boom des galeries d’art contemporain à Abidjan en a fait une place importante de l’art en Afrique ces dernières années. Après avoir été ralenties par le Covid-19, elles reprennent leurs activités et tentent de conquérir un public local. Pendant les vacances scolaires, elles proposent donc des expositions qui tranchent avec leurs programmations habituelles. Et mettent en avant de jeunes artistes, pour qui cela représente parfois une première chance de montrer leur travail.

Si de tels événements permettent aux galeries de conquérir un public plus jeune au portefeuille moins garni, c’est aussi l’occasion pour elles de se renouveler, d’apporter de la fraîcheur et de détecter de nouveaux talents, aux techniques parfois originales. De jeunes artistes qui pourraient, d’ici quelques années, s’imposer comme des noms incontournables.

LouiSimone Guirandou – Découvertes # 4, jusqu’au 3 septembre

Pour la quatrième édition de son exposition Découvertes, la galerie LouiSimone Guirandou met en lumière six artistes, presque tous âgés de moins de trente ans. Ils ont été découverts au cours de l’année précédente et certains d’entre eux exposent pour la première fois dans une galerie.

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Située à Cocody, près du Goethe Institute, le bâtiment construit par le cabinet d’architectes Koffi et Diabaté permet à la lumière naturelle d’entrer dans la salle et de mettre en valeur les œuvres. L’exposition est colorée et pleine d’énergie. À l’image des dessins de Theophany Adoh, diplômé des beaux-arts, qui met en scène des femmes aux visages difformes dans des scènes de la vie quotidienne. Les fonds aux couleurs très vives contrastent avec ses sujets. Celui qui explique venir d’une société matriarcale s’interroge sur la place de la femme dans la société actuelle.

La série de tirages uniques de Stéphane Cuxac fait partie des œuvres marquantes de l’exposition. Il met en scène des corps en mouvement ou en lévitation, parfois dans des tenues traditionnelles, dans des décors urbains. Il s’en dégage une impression de spiritualité.

Cette exposition attire un public plus jeune mais aussi de touristes. Les prix, plus abordables, rendent les œuvres plus accessibles. Ils varient entre 165 000 francs CFA (252 euros) pour des dessins et 1,9 million CFA (2 897 euros) pour la plus grande toile.

Adresse :  Rue C 27 (près du Goethe Institut) Cocody Mermoz, Abidjan. Tel. +225 27 22 54 04 61 

Cécile Fakhoury – About Now, jusqu’au 10 septembre

La deuxième édition de l’exposition About Now met en avant neuf jeunes artistes d’univers et de pays différents : peinture, dessin, gravure, photographie, art textile ou encore installation.

Dès l’entrée dans la grande salle, le visiteur est surpris par la diversité des univers des artistes. Le triptyque de Josué Comué, représentant un homme qui se dégage d’un halo sombre sur fond blanc et adoptant des postures à fortes connotations religieuses, exprime un sentiment de mystère.

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Un peu plus loin, tout au long du mur, une immense gravure narrative en 24 panneaux d’Assoukrou Aké revient sur l’histoire d’enfants métisses enlevés et placés dans des orphelinats pendant l’époque coloniale et leur sort une fois l’indépendance acquise. En taillant directement sur du contreplaqué peint en noir et en laissant apparaître la couleur du bois, il créé un contraste qui met en avant certains aspects de ses personnages.

La galerie, ouverte depuis 2012 à Cocody, dispose désormais de deux filiales, l’une à Dakar et l’autre à Paris et mise sur la professionnalisation du milieu. Les plasticiens qui y sont exposés bénéficient d’un rayonnement à l’international grâce au puissant réseau de sa fondatrice, Cécile Fakhoury. Une aubaine pour de jeunes artistes, dont Assoukrou Aké, pour qui cette exposition marque le début d’une collaboration avec la galerie.

Les prix des œuvres varient entre 900 euros et 2000 euros en moyenne. Certains projets plus imposants comme le quadriptyque de Béliza Troupé peuvent valoir jusqu’à 20 000 euros.

Adresse :  Boulevard Latrille, entre le carrefour de la Vie et le carrefour de la RTI entre la Sodemi et l’Immeuble Carbone Cocody, Abidjan. Tél + 225 27 22 44 66 77 

La Rotonde des arts – Hommage à Paul Dagri

Dirigée par le professeur et critique d’art Yacouba Konaté, la galerie rend actuellement hommage à Paul Dagri. « S’il est plus connu pour ses travaux d’anthropologue sur la musique en Côte d’Ivoire, Paul Dagri s’est aussi essayé à la photo. Nous voulions montrer cette facette de lui », explique le professeur. Dans cette série d’images, Dagri porte un regard sur la coiffure féminine à travers une série de portraits.

Jusqu’à début septembre, les visiteurs pourront également voir au rez-de-chaussée des œuvres d’artistes que la galerie représente, tels Amakan, qui travaille sur la rumeur, le bruit dans les gares routières et l’impact sur l’individu. La Malienne Amsatou Diallo propose également une série de photomontage sur le thème de la résilience des femmes, qui bien souvent acceptent leurs souffrances en s’adossant à la religion. Sur ses portraits, les visages des femmes sont remplacés tantôt par une mosquée, tantôt par une église. Des artistes reconnus de la sous-région, tels que le plasticien malien Abdoulaye Konaté et le Ghanéen Kofi Setordji y sont également exposés.

Les prix des œuvres sont très variables. Pour une photo de la série de Paul Dagri au format 40/60, il faut compter environ 300 000 francs CFA (457 euros). Elles ont chacune cinq tirages. Celles d’Amsatou Diallo avoisinent le million. Les prix des tableaux varient entre 1 et 3 millions de francs CFA.

La Rotonde des arts vous surprendra également par son importante collection permanente, à visiter gratuitement au premier étage. Grâce à l’un de ses financiers, l’homme d’affaires et collectionneur Abou Kassam, la galerie dispose d’œuvres de maîtres de l’art contemporain de la Côte d’Ivoire, comme Christian Lattier, Michel Kodjo, Salif Diagabaté, Pascal Konan, Michèle Tadjo, Jems Koko Bi,…

« Nous ne sommes pas seulement dans une logique de vente. Mais nous voulons combler un peu le déficit de musée national d’art moderne et contemporain », explique Yacouba Konaté. La Rotonde des arts organise également des événements culturels tels que des rencontres littéraires. L’occasion de prendre un verre sur la terrasse d’Abidjan Café ou du Mövenpick hôtel, qui jouxtent la galerie, et de profiter de la tranquillité et de la verdure des lieux dans le bouillant quartier des affaires du Plateau.

Adresse : Galerie Commerciale Nour Al Hayat, Plateau, Abidjan. Tél : +225 0708488830

La Villa Alfira – Le Basquiat art gallery

Située au sein de la Villa Alfira, le Basquiat art gallery est une galerie d’art contemporain sous le regard de l’artiste ivoirien Jacobleu. La galerie se situe à l’entrée de la villa, à gauche, après les bassins de poissons. On peut y voir des tableaux de Jabobleu lui-même, des toiles aux couleurs vives représentant des enfants de Gallas Gnohité, des œuvres autour du textile de Peter McCarthy, comme de l’huile sur bogolan, et quelques photographies. Le coût des œuvres varie entre 100 000 francs CFA (152 euros) et 4 millions de francs CFA (6 097 euros) ou plus.

La villa, créée en 2018 par le chef Koffi, se compose également de salons privés et d’un espace événementiel, tous décorés par des œuvres d’artistes représentés par la galerie. Certains, comme Anne, sont soutenus par le chef Koffi qui possède une résidence d’artiste à Grand-Bassam. La Villa Alfira abrite également son potager et une ferme bio à l’arrière de la cour. Elle se situe aux Deux Plateaux, à deux pas de la fondation Donwahi et de la villa Kazajoma, où il est également possible pour les amateurs d’arts d’admirer et d’acheter des œuvres.

Adresse : Rue K6, Cocody II Plateaux, Abidjan. Tél : +225 07 78 68 50 50 infos@villalfira.com

Houkami Guyzagn

Dans une ruelle discrète de la Riviera Bonoumin, se dresse la résidence aux couleurs ocre rouge et jaune qui abrite la galerie Houkami Guyzagn. C’est l’une des plus anciennes galeries d’art contemporain à Abidjan. Créée en 2001 par Thierry Dia Brou, elle a permis au fil des années l’émergence d’artistes ivoiriens telles que Aboudia, Pascal Konan ou Djeka (désormais à la galerie Amani).

« L’un de nos slogans c’était : « Fini les jeunes sortis d’école avec des tableaux sous les aisselles qui se promènent de galerie en galerie », explique Mimi Auguste Errol, critique d’art et directeur artistique de la galerie. Grâce à leur participation à des jury de fin d’études aux beaux-arts, Mimi Auguste Errol et le directeur général de la galerie, Thierry Dia Brou, détectent de nouveaux talents. La galerie organise également des concours dans des disciplines telles que la peinture, la photographie et la sculpture. Les lauréats sont exposés à la galerie et sont accompagnés pour mettre en place une exposition individuelle.

La galerie expose également des artistes confirmés tels que Youssouf Bath et Michel Kodjo, un des pionniers de l’art contemporain en Côte d’Ivoire, et depuis quelques années, des artistes de pays voisins comme les Burkinabè Ky Siriki (sculpteur) et Christophe Sawadogo (peintre). Comptez entre 150 000 à 3 millions de francs CFA l’œuvre, en fonction de la notoriété de l’artiste.

La galerie a dans sa clientèle des collectionneurs étrangers, mais vise depuis ses débuts des Ivoiriens. Une des initiatives dans ce sens était les « maisons d’amis », qui consistent à installer une œuvre chez un particulier. Si celui-ci l’apprécie, il a la possibilité de la payer en plusieurs fois. Il y a aussi eu des conférences et des événements organisés à la galerie pour rendre l’art accessible.

Grâce à ses nouveaux locaux, la galerie a mis en place un « système intégré », comme l’explique Mimi Auguste Errol. La location du restaurant et du bar génère des revenus qui permettent de faire vivre la galerie. Les chambres, elles, servent de résidence d’artiste ou de location pour des touristes.

Le Covid-19 a ralenti l’activité. Mais en attendant la mise en place de nouvelles expositions à partir de septembre, les œuvres présentes valent le détour.

Adresse :  Riviera 2 près de Voodoo Communication, Abidjan. Tel : 0708135113 

 

Credits (Repost) : Jeune Afrique

 

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