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INTERVIEW (Partie 1) │ MASA 2020, « Prête-moi ton rêve », Musée des cultures contemporaines Adama Toungara, etc. – Pr YACOUBA Konaté situe les enjeux

C’est bientôt le MASA 2020. L’exposition panafricaine itinérante intitulée « Prête-moi ton rêve » arrive à Abidjan, Côte d’Ivoire. Après Casablanca, au Maroc, puis Dakar – au Sénagal, la trentaine d’artistes africains, une partie de l’excellence de la création africaine, qu’expose, officiellement, « Prête-moi ton rêve », verront leurs œuvres exposées à l’occasion de l’inauguration du Musée des cultures contemporaines Adama Toungara ( (Ndlr; collectionneur, ex-ministre, Médiateur de la République de Côte d’Ivoire), située au cœur de la commune d’Abobo. « Outil le plus performant de la Côte d’Ivoire », le Musée sera, à n’en point une attraction pendant le Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA).

Rencontré à la Rotonde des arts, au Plateau, un samedi de février, où il reçoit d’un air apaisé, sur rendez-vous, le professeur Yacouba Konaté, Président honoraire de l’Association Internationale des Critiques d’Arts (AICA), membre du Conseil scientifique de Académie des Sciences, de la Culture et des Arts d’Afrique et des Diasporas (ASCAD), directeur général du MASA, etc. situe les enjeux du projet « Prête-moi ton rêve », qu’il a aidé à voir le jour.

Après Casablanca, au Maroc, et Dakar (Sénégal), Abidjan abritera du 11 mars au 19 avril 2020, l’exposition panafricaine itinérante « Prête-moi ton rêve ». Comment se déroulera, en marge du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA), cet autre gros événement qui consacrera l’inauguration du Musée des cultures contemporaines Adama Toungara d’Abobo?
L’exposition n’est plus un show, comme on le dit. C’est un programme. L’exposition, en elle-même, est itinérante. En juin (18 juin au 31 juillet 2019), elle était à Casablanca et décembre (6) dernier, elle était à Dakar où elle a été décrochée (début février) pour Abidjan. Nous la montrerons le 11 mars, à l’occasion du MASA (7 – 14 mars 2020) et, à l’occasion de l’inauguration du Musée des cultures contemporaines Adama Toungara d’Abobo.
L’exposition cherche à régler un problème qui est le suivant : trop souvent, des artistes africains de renommée mondiale circulent dans le monde, sans avoir l’opportunité d’être montrés aux publics en Afrique. L’idée, c’est de régler ce problème. En essayant de regarder objectivement qu’est-ce qui faisait que les grosses expositions qui se sont produites dans l’histoire de l’art mondial – même lorsqu’elles affichaient plusieurs artistes africains ou qui relèvent de l’Afrique [des pays d’Afrique] – personne ne songent à venir montrer ces expositions. Nous voulons régler ce problème et montrer une partie de l’excellence de la création africaine, en Afrique. Et, de manière tournante, pour créer une sorte de synergie, créer une esquisse de collaboration entre les différents lieux où nous allons montrer ces expositions.

Comment sera montée l’exposition d’Abidjan?
L’exposition en elle-même comprend une trentaine d’artistes de classe mondiale. A chaque escale, on fait trois ou quatre choses. Premièrement, on ajoute à l’exposition, des artistes nouveaux. De préférence, des artistes du pays (d’accueil). Par exemple, quand on est arrivé à Dakar, on a ajouté Mansour SY dans le corps de la grande exposition. On demande à des professionnels, au plan local, de monter des expositions. Il y a un, qui monte une exposition hommage aux anciens – j’emploie plutôt le terme d’esprit du lieu – dont le travail a aidé à donner du courage aux plus jeunes. On organise également une exposition dédiée aux jeunes pour que cela deviennent l’occasion, pour eux, de montrer ce qu’il savent faire. La quatrième, on fait une nuit des galeristes. On demande à différentes galerie d’entrer en communion avec ce programme. Nous ne leur demandons pas de véritablement organiser une exposition mais, de se tenir disponibles un jour, jusqu’à minuit, de façon à ce que les journalistes qui seront là, les critiques d’arts, les professionnels, les artistes puissent faire ce qu’on pourra appeler « La tournée des galerie ». Ils pourront passer d’une galerie à une autre, pendant toute cette soirée. Une réunion a déjà été faite avec les galeristes pour leur proposer le projet. Ce qui veut dire que ce jour-là (Ndlr; 13 mars), tous les journalistes que nous feront venir – c’est l’occasion du MASA – les artistes qui viennent pour l’exposition, verront ce qui se passe au niveau de la scène locale.

« Prête-moi ton rêve », c’est également le thème d’un colloque qui se tiendra pendant exposition …
Evidemment, il y a un colloque qui se tiendra sur le thème de « Prête-moi ton rêve ». Aussi, le colloque consiste à donner la parole à, au moins deux artistes, pour qu’ils témoignent de leur parcours; donner la parole à un critique ou à un directeur d’événement – par exemple, le directeur de la Biennale de Dakar. On essayera de donner la parole à des collectionneurs pour qu’ils puissent exposer parce que l’un des soucis qu’on a, c’est de mettre en évidence l’existence de collectionneurs en Afrique ou de collectionneurs qui s’intéressent à l’Afrique. Nous sommes suivi notamment par un collectionneur suisse qui s’appelle David Boguet. Il a contribué à la création [Ndlr, en 2000] du Prix Marcel Duchamp et participe à l’opération.

Quelles sont les galeries, à Abidjan, visées par le programme de l’exposition panafricaine itinérante « Prête-moi ton rêve » ?
La galerie Cécile Fakhoury, la galerie de Mme Giurandou (Louisimone Gallery), la galerie Donwahi, la galerie Eurêka, la Rotonde des arts, la galerie Houkami Guyzagn et la galerie Amini.

Comment est née l’idée de « Prête-moi ton rêve »?
Il est difficile de dire comment une telle idée naît. Parce qu’à partir du moment où elle naît, tu ne sais plus où ça commencé. Pour ma part, je communique, depuis longtemps, sur ce que j’appelle « La mémoire fantôme de l’Afrique ». Là-dessus, j’ai écris, j’ai fait des interviews. Un jour, j’étais à Ségou – normalement, je devais y être aujourd’hui (8 février) parce que je suis un des membres de Ségou’Art -, il y avait Abdoulaye (Konaté), Soly Cissé, Ky Siriki et autant que je me souvienne, c’est la première fois que je voyais Simo (Chaoui, Ndlr), directeur de galerie au Maroc, membre de la Galerie 38. Il m’a dit: « J’ai vu ton interview dans Le Point, ce serait bien, si tu réfléchis, nous sommes vraiment intéressés et préoccupés à faire des choses fortes qui intègrent toute l’Afrique. Maintenant, si tu nous fais un projet, on peut marcher là-dessus ». Je pense que c’est comme cela que c’est née. Mais, au début, le projet ne s’appelait pas « Prête-moi ton rêve ». Je peux même vous dire qu’au départ, l’idée que j’ai essayé de mettre en avant et qui était liée à cette problématique globale évoquée, c’était une reprise, au plan continentale, de l’exposition que j’avais faite pour la BICICI et qui s’appelait « Maître et élèves » [2015, Dialogue des Générations, Maîtres et Élèves de la peinture de Côte d’Ivoire; Ndlr]. Je venais de faire cette exposition qui avait bien marché. Je me suis dis peut-être qu’on peut la faire à l’échelle continentale !

[ Au début, le projet ne s’appelait pas « Prête-moi ton rêve » ]

Donc, choisir dix, quinze « Maîtres » et demander à chacun de nous proposer quel est le jeune auquel il croit. C’est donc entrer dans une logique de mentoring. C’est une idée qui est intéressante parce que, sais-tu, le festival de Ségou s’intéresse de plus en plus aux arts visuels. Quand je vais à Ségou, ce que je fais, c’est aussi du mentorat. Il y a des jeunes que nous faisons venir et nous, notre rôle c’est de regarder leur travail, on leur donne des cours, etc. J’y crois. On a discuté, on a fait plusieurs réunions. Après, quand le concept global s’est mis en place, en ce moment il a fallu trouver un angle d’attaque, un titre, développer les argumentaires. Ensuite, monter une association – nos amis du Maroc l’ont crée [Ndlr; La Fondation pour le Développement de la Culture Contemporaine Africaine (FDCCA)] – pour essayer de trouver des partenaires qui peuvent (nous) aider. Premièrement, à construire l’exposition elle-même, quitte à la faire voyager. On a demandé aux artistes qui le pouvaient d’aller en résidence à Casablanca, où se trouve la Galerie 38, et y réaliser des œuvres. C’est important, notamment pour les sculpteurs. Le fait qu’ils se soient retrouvés ensembles – des peintres, sculpteurs – pour penser ensemble, qu’on leur explique le projet, les a aidés à s’impliquer dans le projet et à se l’approprier. Je peux même dire qu’à partir de ce moment, les artistes nous ont aidé à convaincre ceux parmi eux qui étaient hésitant – disons, ceux parmi eux qui ne connaissaient pas le projet. C’est ainsi que tout s’est mis en place.

Source : ShowBizAfrique

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