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Monné Bou

(Anyama, 1948- )

Monné Bou est surtout un peintre gestuel dont les premières œuvres datent de 1973. Il n’est pas de ces artistes travaillant avec des matériaux récupérés, assujettis aux esthétiques du collage, engagés dans les ornières de l’art dit contemporain… Fidèle au chevalet, il trouve un grand plaisir à préparer ses liants selon des méthodes bien à lui. Cela lui permet d’avoir des peintures fluides, choisies avec une attention de cuisinière, qu’il projette sur la toile installée à une certaine distance. Ses qualités de dessinateur font le reste.

Monné Bou met souvent en lumière la peinture de genre. Les amateurs d’art, eux, voient en lui le peintre de la femme et de l’enfant ; à juste raison. En effet, les personnages dominants de cet artiste vrai sont la femme et l’enfant universels. Il les traite dans des postures délicates, sensuelles, qui interpellent le regard, montrent son sens aigu de l’anatomie et de la composition. Il y a dans son écriture plastique une densité où, curieusement, les zones de repos ont autant de force que les zones animées. Avec doigté, il convoque la femme et l’enfant pour un rituel de vie, loin du père. « Monné Bou est le peintre de l’ascension sans le père » (Séry Bailly). Une ascension à lire comme la sombre métaphore de sa vie, lui qui n’a pas toujours profité du cocon paternel.
Heureusement, depuis quelques années, le peintre s’est emparé de l’homme, ce père lointain, et en fait un thème de plus en plus récurrent dans son travail. Il s’est également emparé de certains problèmes politiques, et les a déclinés dans ses tableaux ; question pour lui de dénoncer les errements de la démocratie en Afrique.

En approchant ses dernières œuvres, le visiteur retrouve, avec un bonheur profond, cette énergie tout à la fois lyrique, féconde et secrète qui donne vie à son écriture singulière. Une énergie pénétrante, posée avec l’exigence d’un homme de métier. Il garde cette même exigence de qualité dans son autre façon de peindre : l’écriture directe. Cette écriture, mise en avant au début des années 90, le voit peindre au contact de la toile, avec des lignes continues servant de rehaut au dessin. Depuis 2005, l’artiste a fait un autre pas en avant : il peint le paysage avec le même lyrisme. Peut-être est-ce l’influence de sa nouvelle vie à Adiaké, dans un village où le paysage trouve sa pleine expression…

Henri N’KOUMO, critique d’art

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