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Tamsir Dia

(Bamako, 1952-)

Le 7 décembre 1993, les professionnels de l’art ont consacré le travail de Tamsir Dia en lui attribuant le prestigieux Grand Prix Christian Lattier des Grapholies. Cette manifestation à grand budget organisée par la Côte d’Ivoire avait pour but d’inscrire ce pays au rang des capitales africaines des arts plastiques. Si elle n’a pas survécu après une seule édition, elle ne demeure pas moins un grand moment gardé dans les mémoires des Ivoiriens. Tamsir Dia, pour l’occasion, avait présenté une série de peintures témoignant des mille angoisses, violences, marches, années blanches liées au retour du multipartisme dans de nombreux pays africains suite à la chute du mur de Berlin. Portées par une gestuelle torturée et un rythme rapide, ses pièces de grand format charriaient une énergie sauvage, tourmentée, qui interfère avec les codes esthétiques de l’Expressionnisme. Dans le tracé des doigts qu’il promène avec colère sur la toile, il suggère ses personnages plus qu’il ne les dessine. Etres évanescents, ombres sacrifiées sur l’autel des violences politiques, leur sort semble bien scellé. Le spectateur, prisonnier de cette atmosphère psychologique lourde, peine à s’en libérer.

Tamsir Dia avait montré cette série de tableaux quelques mois plus tôt, à la Biennale de Venise 1993 , puis au Musée d’art africain, avec cinq peintres africains comprenant ses compatriotes Ouattara Watts et Gérard Santoni.
En 1996, il crée avec les peintres Grobli Zirignon, Ludovic Fadaïro, Jacques Samir Stenka et la critique d’art Tanella Boni le groupe « Traces » qui fera, hélas, long feu. A l’ouverture de l’unique exposition du groupe au domicile de peintre Grobli à Abidjan, ces artistes à forte personnalité, au caractère impétueux,
se disputeront en public le leadership.

L’aventure s’arrêta là ! Tamsir Dia se lancera par la suite dans une nouvelle période : celle des « murs ». Il mettra en dialogue craquelures et couleurs mélancoliques. Avec une grammaire toujours heurtée, inapaisée, qui parle au cœur et à la conscience, cette écriture sera un juste prolongement de sa série antérieure. Diplômé de plusieurs écoles d’art, Tamsir a exposé dans plusieurs régions du monde. Il a participé à trois reprises à la Biennale de Dakar (1996, 1998, 2002) et une deuxième fois à la Biennale de Venise, en 1993.

Henri Nkoumo, critique d’art

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